L’année dernière à cette époque, la dernière phrase de mon récit sur le voyage à Constantine disait :
« Retournerai-je une autre fois, là-bas ? »
A cette question, je répondrai OUI ;
Oui pour l’Algérie,
Oui pour Oran, ville natale de mon épouse, pas revue depuis 45 ANS …..
En effet, l’an passé le bonheur était pour moi en redécouvrant Constantine ma ville natale, cette fois, le bonheur sera pour Maryse qui redécouvrira Oran.
C’est donc, accompagnée de son frère Edgard et de son épouse Liliane que nous apprêtons à prendre l’avion de Lyon ce Samedi 29 Avril 2006.
Pour moi, l’émotion est moins grande d’abord parce qu’Oran n’est pas Constantine.
L’an passé nous étions un groupe d’amis qui ont partagé toutes les aventures bonnes et moins bonnes, ensuite, il s’agit de deux villes tout à fait opposées, l’une est vieille et ramassée sur elle-même sur un immense rocher avec des artères montantes et descendantes, l’autre est jeune et plate et étendue comme une galette avec de larges avenues, avec la mer en prime ;
Puis aussi le fait de redécouvrir mon quartier, ma maison, etc. ORAN est la ville où j’ai effectué mes quatre mois de classe dans l’armée. Refaire la traversée une seconde fois, est déjà moins excitant mais qui s’en plaindra? Sûrement pas moi qui n’attend que de se rapprocher le plus, de Constantine.
Je me réjouis à l’avance de rencontrer mon copain de classe M.Benazouz (chef de la sûreté) qui m’avait téléphoné à Constantine l’an passé, ainsi que chez moi plusieurs fois, pour rassurer ma femme qui appréhendait beaucoup et n’était pas très volontaire pour s’y rendre.
Grâce, je dois dire au miracle d’Internet, que j’ai pu faire connaissance de certains de mes copains de classe de l’école Diderot comme les : Lokmann, Abdelaziz, Bouabdellah, Hubert, Allouche, Moretto, Dana, et Kalifa. Ensuite tout à fait par hasard, la fille de mon ancien instituteur M.Sebbah me communique toutes les nouvelles des anciens élèves et m’apprend que son père est décédé depuis une semaine, dommage ! il aurait pu revoir ses anciens élèves….
C’est ainsi que j’ai pu rentrer en contact avec Yvan Sebbah et plusieurs autres, comme le disait J.Claude Pons, nous allons si cela continue à reconstituer la classe entière ! et pourquoi pas, après 56 ans….
L’ordinateur est une belle invention !
J’ avais été tellement emballé l’an passé de retrouver ma ville natale Constantine, que j’avais omis de présenter son histoire.
Ainsi avec celle d’Oran, nous pourrons en faire une comparaison !
En raison de son caractère pour sa défense, Constantine a connu une occupation permanente depuis les temps les plus reculés. La composition de ses habitants est d’abord le vieux socle Berbère, les Chaouias, c’est-à-dire les berbères de l’Est Algérien. Beaucoup plus en arrière avec la communauté Juive et les Ottomans.
Au cours du temps les peuples Numido-berbère, Phénicien, Romain, Bysantin, Turque, Française et Arabo-berbère. Chasseurs puis pasteurs et cultivateurs, les berbères s’organisèrent en tribus . Le langage berbère s’appelle « tamazight » et n’a rien avoir avec l’arabe, l’hébreu ou le langage des touaregs.
Les premiers hébreux vinrent, sans doute, mêlés aux phéniciens un millénaire avant J.C. mais ce sont les persécutions en Orient, avant et durant l’époque romaine, qui déterminèrent les principales migrations vers l’Afrique du Nord, où de nombreuses tribus berbères furent judaïsées et apparaissent dans l’histoire au V° Siècle.
Constantine est déjà connue sous le nom romain de Cirta ( signifiant « ville » dans la langue des cartaginois.)
Cirta existait donc bien avant l’arrivée des Romains ( ruines de Tiddis)
Le principal évènement qui a entraîné l’arabisation de Constantine est lié au destin des Fatimides (Kabylie) , au XVI° la ville comptait 40 Mille habitants avec une forte communauté juive.
On n’a pas de renseignement précis sur la communauté Chrétienne.
Ce fut Salah Bey qui rendit à Constantine son cachet de capitale et la doua d’édifices tels que la Medersa ( école) et cantonna les juifs jusqu’alors répandus un peu partout, dans le quartier de la rue Grand qui devint leur Ghetto.
En 1836 , Ahmed Bey combattit l’expédition française de Clauzel en repoussant par deux fois les assauts français contre la porte d’El-Kantara.
Ce fut la dernière grande ville d’Algérie à résister aux français. Une forte canonnade ouvre la brêche, sous les ordres du général Lamoricière.
Le général Valée sera gouverneur général de l’Algérie de 1837 à 1840.
Puis vint la longue période de la colonisation.
Construction des édifices administratifs, voies de communications, ponts, monuments, commerces, etc…
Vers 1925, aux colons français s’ajoutèrent des immigrants venant de toute l’Europe.
Les Espagnols, Italiens, Maltais, Allemands, Belges, Suisses.
24 Octobre 1870 / Décrêt Crémieux :
Accordant la nationalité française aux juifs par Napoléon, puis contesté par l’armée des européens de souche qui ont réclamé l’abrogation, cible de l’antisémitisme extrêmement virulent.
En 1892, Constantine comprend 49000 habitants 5700 juifs, 29000 musulmans le reste Chrétien. La ville est divisée en deux quartiers le quartier Européen et le quartier Arabe, contenant la population Juive.
Le 7 Octobre 1940 le gouvernement de Vichy abrogea le décret Crémieux retirant aux juifs droit à la citoyenneté française et refaisant d’eux des « indigènes » au même titre que les Musulmans.
Il faut attendre 1947 pour que tous les Algériens retrouvent la citoyenneté française.
Puis, de 1954 à 1962 ce fût la guerre d’Algérie,
Pays voulant reprendre son indépendance et ainsi mettre les français dehors, ce qui s’est produit et ce qui a fait immigrer plus d’un million d’Européens et Musulmans dans divers pays du monde.
Constantine, ville des ponts